Construire un tiers-lieu : un projet qui a le vent en poupe. Mais comment cela se met en place ? Il existe en effet autant de façons de faire que d’initiatives. La seconde difficulté, après la création c’est bien évidemment la gestion et l’animation, ou comment pérenniser un tiers-lieu ? Lumière sur les procédés.
Attention, cet article n’est pas destiné à être un guide pratique de la création des tiers-lieux, mais plutôt un panorama de l’existant, réalisé suite à de nombreux sondages de la Coopérative des Tiers-Lieux après de gestionnaires ou de monteurs de projets. Source : Infographie sur la création d'un tiers-lieu.
Gestion de l’espace
1° Quelles formules ?
On enter dans le nerf de la guerre : trouver le type de forfait adapté aux utilisateurs, et assez solide pour garantir la survie financière de l’espace. Plusieurs possibilités :
- Sans engagement (à la journée / semaine/ au mois)
- A la carte (Heure / demi-journée / journée)
- Avec engagement (Trimestriel / semestriel / annuel)
Les formules vont de pair avec le fonctionnement et l’organisation de l’espace. Il faut trouver le juste équilibre entre ce que vous pouvez gérer, et ce qui permettra l’autonomie financière du tiers-lieu.
2° Quels tarifs ?
Les tarifs sont très souvent choisis en fonction du lieu d’implantation du tiers-lieu, et donc du public ciblé. En effet, les prix dans les tiers-lieux de métropoles sont jusqu’à 3 fois plus élevés qu’en zone rurale ! Il faut aussi distinguer l’offre de service adéquate (bureau fermé souvent plus cher que l’openspace…). Voici une fourchette moyenne des prix qui peut servir de base :
- Tarif « bas » : 10€ - 15€/jour ou 100€ - 200€/mois
- Tarif « moyen » : 15€ - 20€/jour ou 200€ - 300€/mois
- Tarif « élevé » : 20€ - 30€/jour ou 300€ - 400€/mois
Certains tiers-lieux ont développé des tarifs innovants ; par exemple la possibilité de payer « librement », au tarif que l’on souhaite, une journée ou une semaine. D’autres proposent des locations gratuites (temporairement ou non) en échanges de compétences (développement d’un site web, gestion d’un jardin….)
3° Quelle contractualisation ?
Encore une fois, il existe autant de possibilités que d’idées. Cependant, on recense plusieurs méthodes différentes permettant de contractualiser l’adhésion dans un tiers-lieu :
- Le bail précaire
- La cotisation (association)
- La part (coopérative)
- La convention de mise à disposition
- La facture
- La charte de valeur
Quelle que soit la solution choisie, un « règlement intérieur de vie commune » est fortement recommandé car il permet de fixer les règles de manière claire et de favoriser la bonne tenue et gestion de l’espace par les utilisateurs.
4° Quels horaires ?
La flexibilité est un atout important dans les tiers-lieux ; mais il faut également prendre garde à trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Pour cela, on a deux modèles très rependus :
- Accès de 9h à 18h, avec service d’accueil
- Accès 24h/24 et 7j/7 grâce à des badges ou serrures connectés
Attention cependant, on conseille de toujours avoir au moins une personne chargée de l’accueil, car c’est une tâche essentielle pour va refléter l’esprit du tiers-lieu et garantir son succès car la dimension humaine est primordiale.
Animation de la communauté
5° Quel accueil ?
Comme évoqué précédemment, l’accueil est essentiel pour garantir « la vie » et le contact humain au sein de votre tiers-lieu. Cette tâche peut donc se faire via une personne dédiée
- Facilitateur/trice, qui va animer et représenter l’esprit du lieu.
- Gestionnaire, pour administre, gère le lieu
- ou par les coworkers eux-mêmes si on prend le temps de les sensibiliser à cette tâche importante. On essaime ainsi un peu plus la culture tiers-lieux en impliquant les utilisateurs.
Une bonne pratique pour se familiariser avec le lieu et l’esprit : proposer un essai gratuit pour les nouveaux arrivants potentiels (journée/heure…)
6° Quelle vie pour le lieu ?
La vie du lieu est tâche essentielle à assurer. Très souvent, une personne est en charge de la coordination/animation de l’espace : le/la facilitateur/trice de tiers-lieux. Les idées ne manquent pas pour animer un espace partagé :
- Afterwork
- Co-lunch
- Ateliers d’intelligence collective / échange de pratiques
- Boîte à idées
- Conférences
- Ateliers
- Evènements
- Workshop / Barcamp
A vous de trouver votre propre formule, à votre image, pour animer votre lieu.
7° Quels services partagés ?
Pour que la vie des utilisateurs du tiers-lieu soit confortable et agréable, beaucoup d’espaces mettent à disposition des services multiples, professionnels et conviviaux.
On ressence par exemple :
- De la conciergerie (boîte aux lettres, accueil…)
- La domiciliation d’entreprise
- Un lieu de formation et retransmission (MOOC, TEDX…)
- Bar / Restaurant
- Crèche, garderie
- …
A vous de multiplier et de créer votre propre offre de services pour répondre aux attentes et besoins de vos utilisateurs.
8° Quelles hybridations pour les pratiques ?
Depuis plusieurs années, le modèle-type de « tiers-lieu » évolue, pour s’hybrider et s’adapter aux nouveaux besoins des utilisateurs. Ainsi, on retrouve plusieurs pratiques aujourd’hui « atypiques », mais qui tendent à se généraliser :
- Formations paires à pair
- Galerie d’exposition
- Ressourcerie commune
- Think Thank
- Ateliers de fabrications participatifs
- Lieux relais AMAP
- Jardin partagé
- Habitat partagé
- …
Ancrage local du réseau
9° Quelle participation à la vie locale ?
Le tiers-lieux se veut être un lieu de vie sociale et économique de son territoire. Ainsi, l’ancrage dans la vie locale est essentiel. Plusieurs pratiques recensées :
- Les actions collectives avec les associations locales
- Les conventions avec les entreprises et collectivités du territoire
- Les partenariats avec les universités et lieux de formations proches
- La sensibilisation et médiation locale
10° Quelle coopération entre les espaces ?
Peu de tiers-lieux ont aujourd’hui vraiment à craindre de la concurrence (et cela surtout en zone rurale). En effet, le nombre d’utilisateurs croît d’années en années ; et ce sont bien l’animation et les valeurs de votre espace qui feront la différence. Bien au contraire de la lutte concurrentielle, on note plutôt que la coopération entre les différents espaces hybrides d’un territoire va dynamiser leur activité et leur chiffre d’affaire.
Cette coopération peut avoir différents visages :
- Diffusion des informations d’un autre espace (il est rare que deux évènements soient similaires d’un tiers-lieu à l’autre)
- Recommandation des autres espaces, avec toujours comme objectif premier la satisfaction de l’utilisateur, et la réponse à ses besoins
- Le partage d’expériences et l’échange de bonnes pratiques, qui popularisent le modèle et permettent de faire émerger des pratiques enrichissantes
- Les afterworks communs, pour dynamiser les réseaux et les connexions entre vos utilisateurs
11° Comment mutualiser les moyens ?
On le répète une fois encore : la vie d’un lieu et son animation sont intrinsèques à son bon fonctionnement. Un programme divers, qui répond aux besoins des utilisateurs est encore plus efficace lorsqu’il est co-construit avec eux. Prendre en compte les attentes et instaurer un climat de confort au travail passe par plusieurs moyens pratiques :
- Dispositif de réservation en ligne
- Facturation en ligne
- Outils numériques partagés
- Partage et création collective de programme d’animation
- ...
12° Comment co-créer un maillage territorial ?
L’ancrage territorial : autre facteur de réussite pour votre espace hybride. En effet, mettre en lien les utilisateurs et les acteurs économiques ou civils du territoire favorise les synergies et les projets collaboratifs de grandes ampleurs. Pour cela, plusieurs approches possibles :
Adhésion aux communautés d’espaces locales, nationales et internationale
Participations aux rencontres locales, nationales et internationales dédiées aux pratiques collaboratives
Engagement pour un changement global vers une économie de la contribution au service du « mieux vivre ensemble ».
Vers une transition sociétale
Un tiers-lieu est l’expression d’aspirations individuelles et collectives, réunies sur un même espace physique.
Une prise de conscience des enjeux environnementaux, un modèle économique contributif et un rapport horizontal à la production de consommation sont à la source des tiers-lieux.
Toutes les étapes de ces questionnements sont le signe d’un élan collectif vers une nouvelle forme d’engagement citoyen.
En parallèle, voire au sein même des tiers-lieux, les individus repensent ensemble tous les domaines de la vie de la cité : la nature, l’agriculture, le bien commun, l’éducation, la propreté, le travail, l’entreprenariat, l’innovation, le territoire, l’habitat, l’énergie, la diffusion et le partage de l’information et du savoir, le numérique, l’industrie et la politique.