Panorama 2019 : typologie des tiers-lieux en Nouvelle Aquitaine
La coopérative des Tiers-Lieux, en charge de l’accompagnement et du suivi des tiers-lieux sur le territoire de Nouvelle-Aquitaine, publie son instructif panorama 2019. Nous décortiquons cette infographie en nous intéressant ici aux typologies des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine.
231 tiers-lieux créés en Nouvelle-Aquitaine, des milliers d’utilisateurs
Et parmi les 206 espaces interrogés, 11% proposent plusieurs configurations de travail (hybridation). Les espaces partagés en Nouvelle-Aquitaine, ce sont :
- 172 espaces de coworking
- 27 Fablabs
- 25 ateliers
- 10 terres agricoles
Les typologies d’espaces les plus fréquentés sont les suivantes :
- 77% utilisent le coworking
- 21% optent pour un bureau partagé ou un télécentre
- 7% partagent un atelier
- 6% partagent un espace créatif
- 5% choisissent les fablabs
- 4% partagent des cuisines ou foodlabs
- 3% font de la colocation professionnelle
Concernant les statuts des tiers-lieux néo-aquitains :
- 52% sont des associations
- 22% sont des sociétés privées (SARL, SAS, EURL)
- 14% sont publics ou constitués en partenariat avec des asso
- 3% sont des coopératives (dont le WorkingShare !)
- 2% sont des universités
Une répartition géographique encore inégale
La répartition est, à l’image de la France, assez inégale. Les métropoles recensent un nombre important de tiers-lieux, contrairement aux zones plus rurales :
- 85 tiers-lieux en Gironde
- 24 tiers-lieux dans les Pyrénées Atlantique
- 21 tiers-lieux dans la Vienne
- 18 tiers-lieux en Charente-Maritime
- 15 tiers-lieux dans les Landes
- 14 tiers-lieux en Haute-Vienne
- 11 tiers-lieux dans la Creuse
- 11 tiers-lieux en Dordogne
- 10 tiers-lieux en Charente
- 8 tiers-lieux dans le Lot et Garonne
- 3 tiers-lieux en Corrèze
Sources de financements multiples
Qui dit création d’un espace, dit nécessité économique pour tendre à l’autonomie financière. Lors de la création, les collectivités qui ont apporté le plus gros soutien financier aux tiers-lieux néo-aquitains sont :
- La Région (42%)
- La commune (35%)
- La communauté d’agglo (35%)
- Le département (8%)
- L’Etat (6%)
- L’Europe (6%)
- Le pays (3%)
En 2017, la Région Nouvelle-Aquitaine a accompagné 50% des tiers-lieux sur son territoire, pour une aide moyenne de 56 304€/projet. Sachant que le coût moyen d'un projet tiers-lieux sur 2 ans est de 187 324€, et que l'on projette la création de 300 tiers-lieux d'ici 2020 en Nouvelle-Aquitaine.
Ce sont donc au final 788 254€ d'aides fournis par la région pour le développement des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine.
Une fois l’espace créé, la rentabilité du tiers-lieu repose généralement sur plusieurs possibilités de revenus. Voici les sources de financement pour la moyenne des tiers-lieux sondés :
- 74% : location d’espace de travail
- 67% : adhésions et cotisations
- 52% : subventions
- 48% : contributions d’utilisateurs
- 24% : revenus provenant d’ateliers
- 23% : vente de produits
- 17% : débit de boisson
- 12% : location de machines ou outils
- 10% : restauration
- 7% fondations
- 4% : crowdfunding
Une gestion bénévole à 54%
Tenir un tiers-lieu et garantir sa prospérité passe par une gestion collective bien définie. D’ailleurs, 61% des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine sont gérés collectivement par les utilisateurs eux-mêmes. On recesse également une gestion faite à 44% via des salariés, et 54% via du bénévolat, pour un taux de satisfaction globale de 94% des utilisateurs.
Ces nouvelles données vont dans le sens d’une professionnalisation du mouvement avec le recensement de 195 emplois en CDI et 74 CDD et montrent également une forte mobilisation avec plus de 2400 bénévoles à l’œuvre pour faire vivre le quotidien des tiers-lieux.
Un foncier encore compliqué
26% des tiers-lieux démarent leurs activités dans un lieu d'occupation temporaire, 74% n'ont pas déménagé depuis leur installation, et 53% projettent de démanager pour un espace plus grand. Cela montre bien la dynamique en action.
Concernant les baux des bâtiments :
- 35% des tiers-lieux sont locataires
- 27% sont propriétaires de leur bâtiement
- 21% bénéficient d'une location à prix modéré
- 9% ont une mise à dispotition gratuite
- 8% sont logés temporairement
Des utilisateurs aux profils divers
On retrouve de nombreux profils dans les tiers-lieux, allant du l’auto-entrepreneurs jusqu’au télétravailleur, en passant par les artisans. Les domaines d’activités les plus recensés sont les suivants :
- 66% dans le service
- 6% d’artisans
- 5% de commerciaux
- 3% d’industriels
- 2% d’agriculteurs
- 19% autres
Le statut de l’entreprise des utilisateurs a également un rôle important à jouer, puisque l’on constate que les plus gros utilisateurs de tiers-lieux… Sont les personnes qui ont une petite structure. En effet,
- 72% des utilisateurs ont moins de 6 salariés
- 8% ont entre 6 et 11 salariés
- 2% ont entre 12 et 17 salariés
- 5% ont entre 18 et 23 salariés
- 13% ont plus de 24 salariés
Le télétravail représente donc le 2eme profil d’utilisateurs des tiers-lieux, ce qui montre que la tendance évolue.
Un fort ancrage territorial
L’un des rôles majeurs du tiers-lieux est de s’inscrire efficacement dans la dynamique de son territoire. Pour se faire, il convient de bien prendre connaissance des différents acteurs locaux, et de mettre en place des actions ou partenariats pour développer les relations avec eux.
Ainsi, 86% des tiers-lieux néo-aquitains se sont entourés de partenaires afin de favoriser les relations de proximité, la coopération et la synergie de compétences. Les principaux partenaires sont :
- 68% de l’économie sociale et solidaire (ESS)
- 46% de l’art et de la culture
- 40% de l’éducation et de la jeunesse
- 39% des collectivités locales ou du tourisme
- 29% du communautaire et des solidarités
- 13% du médico-social et sanitaire
- 11% de l’habitat et de l’urbanisme
Tiers-lieux et collectivités locales
Les collectivités locales sont également un important levier, que ce soit pour créer des synergies entre les utilisateurs et leur territoire, ou pour faciliter les démarches administratives et la pérennisation du tiers-lieu. Elles sont de plus en plus sensibilisées et acculturées à la dynamique tiers-lieux ; conscientes de l’atout que ces derniers représentent pour le territoire.
Cependant on constate que les échanges entre tiers-lieux et collectivités sont parfois compliqués, selon que l’on soit dans une métropole ou en milieu rural.
Par exemple :
- 4% des tiers-lieux ruraux n’ont aucune relation avec les collectivités, lorsque cela monte à 27% pour les tiers-lieux de métropoles.
- 30% des tiers-lieux ruraux ont régulièrement des contacts avec les collectivités, pour 25% chez les tiers-lieux métropolitains.
- 30% des tiers-lieux ruraux ont beaucoup de projets avec les collectivités, contre seulement 10% des tiers-lieux métropolitains.
On constate donc que l’ancrage local est très dépendant de l’échelle globale du territoire et du lieu d’implantation du tiers-lieu.
Voilà pour ce premier billet sur le panorama 2019 des tiers-lieux néo-aquitains. Le mois prochain, nous nous intéresserons aux activités proposées au cœur même des tiers-lieux.